samedi 19 mars 2011

Shakespeare avait raison ou la malédiction du 6 cylindres

"Le jour radieux décline et nous entrons dans les ténèbres"
C'est de Shakespeare dans je ne sais plus quoi, ce qui n'a d'ailleurs aucune importance, et c'est ce qui me vient à l'esprit lorsque, un jour comme aujourd'hui, une grande marque de motos lance avec fierté son vaisseau amiral, censèment représenter la quintescence de son savoir faire, le summun de leur conception de l'alliance optimale forme-fonction saupoudrée d'originalité et de plaisir.
Regardez bien l'engin ! Sans insister sur l'isolement du conducteur, je n'ose pas dire pilote, quelque part perdu au milieu de toutes ces excroissances (et encore, je fais confiance au marketing pour avoir fait la photo avec un de ces grands et gros vikings dont le délassement hebdomadaire passe par un enduro piègeux avec les twins de la marque), sans même revenir sur les formes et couleurs Panzer de l'objet, après tout, tous les gouts sont dans la nature, la fiche technique du bidule me fait froid dans le dos ; le poids d'un paquebot (350 kg "déclarés" par le constructeur, soit le double de ma Bonneville), l'empattement d'un autobus (20 cm de plus qu'une moto standard, notez la distance entre les pieds du conducteur et l'axe de roue avant), bourré de trucs anti-tout (un jour prochain on va nous vendre un gadget anti angle), le prix de trois voitures citadines ou d'une berline de marque .... 
Je ne vois dans tout ça, au sens premier du terme, que matière  à désespérance,  qu'une démonstration flagrante de la navrance absolue de l'évolution des motocyclettes modernes. Bref, malgré les flonflons entrainants de la pub, j'ai du mal à m'esbaudir autrement que d'effroi et d'étonnement devant la conception d'un tel machin. L'annonce d'une déclinaison possible en plusieurs autres modèles, le jeu habituel de la surenchère entre constructueurs, me font même pressentir un futur "motocycliste" particulièrement sombre, d'où vous en conviendrez, la réminisence Shakespearienne!

Et la malédiction du titre, me direz vous, cher, perspicace et résistant lecteur ?
Je pense qu'il ne peut plus y avoir que ça comme explication vraissemblable lorsque l'on constate que parmi tous les six cylindres de série, quel que soit le constructeur, pas un, pas un seul, n' a donné vie à une moto ne serait-ce que normale !
Sans m'étendre sur la nouvelle BMW dont vous aurez compris que je n'en suis pas de prime abord un grand fan, je me souviens que la Benelli  n'était déja qu'une Honda bouffie et mal ficelée, la Kawasaki un gros parpaing à roues, la Honda CBX un mélange de difformité et d'hypertrophie, la Goldwing .... quoique celle là, n'ayant pas le permis lourd, je pense ne l'avoir jamais vraiment regardée !
Finalement, Dieu existe et il roule en moto, sans doute même en Triumph de chez Meriden.

4 commentaires:

  1. Pertinent, surtout pour ce qui concerne cet excrétat teuton dont la photo prise de dessus publiée par la marque (n'oublions jamais qu'elle motorisait les Focke Wulf 190) montre bien la monstruosité . Un très léger bémol cependant. J'avoue une affection pour l'esthétique du moteur de la Honda 6, réminiscence de moments d'égarement post adolescents que je revendique encore à ce jour. Et la tentative de Laverda? Incroyable d'impéritie que de développer un V6 qui espérait la série et qui ne verra que la piste, brièvement. Un point intéressant de cette intervention d'Hervé: sa tentative incompréhensible de prouver l'existence de Dieu qui vaut bien les errements d'Anselme de Canterbury.

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  2. Certes, cela ne vaut pas une apostille à l'oeuvre de notre bon St Thomas d'Aquin, mais vraiment, à part l'oeuvre d'une puissance supérieure tutélaire de la création moto, je ne vois pas ce qui peut expliquer de tels ratages chroniques, même si mécaniquement les moteurs en question étaient pour certains plutôt pas mal.

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  3. Pour mettre un peu de baume sur vos vieux cœurs fatigués, j'ai trouvé ce week-end dans un vide-grenier se déroulant pas loin de la Place Gambetta un épais catalogue Dunstall datant de 1970, un autre de chez Lewis Leather et un prospectus sur la gamme Racing 1968 de chez Seeley…
    Ajoutons le Moto Revue du Bol d'Or 69 à ce petit lot et j'ai dépensé 10 € !
    6 cylindres chez BM ??? Oui, et alors ? on s'en fout…
    John

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  4. "Et alors ? On s'en fout" c'est beau, c'est grand, c'est vrai. Promis j'arrête l'aigreur qui sent déja la maison de retraite !

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