mardi 24 mai 2011

Conflit de générations ?

De plantades fébriles en pateaugeages constants, on peut dire qu'à l'exception Zarco près, l'élite du sport moto français a, en ce moment, bien du mal à faire réver. Dans la foulée des quasi larmoyantes célébrations d'anciens combattants qui fleurissent depuis quelques temps en moto GP, apparaissent içi et là sur les blogs de la toile quelques comparaisons insidieuses de nos champions avec la première génération, la génération "mythique", des top pilotes français des années 73-80 ; les Rougerie, Pons, Chevallier, Léon.

Il est vrai que ce quatuor magique a incroyablement fait vibrer, rèver, la génération du boum de la moto (Pensez : à l'époque le magazine n° 1 des jeunes ; HIT, sortait un n° spécial GP et sponsorisait Rougerie ... imaginez aujourd'hui OKAPI sponsorisant un top français) et qu'ils ont attiré et tiré vers le haut la génération d'après, les Baldé, Fernandez, Bertin, Sarron, Saul, Tournadre et plein d'autres pilotes français qui dans les années 80-85, vont de part leur nombre et leurs succès, véritablement marquer les GP pour constituer, au moins au plan comptable (nb de victoires, titres), les plus riches heures du sport moto français.

Pour autant nos petits chéris d'aujourd'hui  ne seraient-ils que des petits joueurs  incapables de soutenir la comparaison avec la glorieuse première vraie génération de top pilotes français en GP ? Au plan des résultats même si ils sont au creux de la vague, la réponse est clairement NON ! De Puniet et Di Méglio ont chacun plus de victoires en GP que l'ensemble des statues du commandeur fondatrices de la présence française en GP. Cluzel a  gagné un GP ce que ni Pons, ni Léon n'ont pu faire. Di Méglio a été titré en GP, ce qu'aucun de ceux de la première génération n'a pu obtenir. Enfin même si ils chutent aussi fort que leurs anciens et si, à force, certains doivent commencer à avoir l'IRM un peu faizandé, nos p'tits jeunes sont toujours vivants, alors qu'hélas, nos quatre mythes se sont tués en course en l'espace de quatorze mois en 80/81.

Aussi, alors qu'ils sont manifestement meurtris et en proie au doute, est-il pertinent de tirer sur l'ambulance en cherchant à étblir une comparaison par nature douteuse avec des fantomes parés rétrospectivement de tous les talents et de toutes les vertus ?

Divers ouvrages relatent le parcours et l'ancrage des Rougerie, Pons, Chevallier, Léon, dans leur époque mais c'est surtout un petit livre de Jacques Busillet intitulé "Olivier Chevallier et l'épopée des français" qui montre bien (en termes moins épiques et bien plus intelligents que ceux du titre) en quoi notre quatuor de légende fut avec d'autres comtemporains, les héros, les "grands frères" d'une génération entière qui venait de découvrir la moto et se tournait avec ferveur, gourmandise et inexpérience vers ce monde alors quasi inexploré des français qu'étaient les GP.
A contrario aujourd'hui le moto GP est un business qui roule et il est sans doute beaucoup moins évident pour le motard de base de s'assimiler aux hyper pros du moto GP qui font plus de Km en essais de prè-saison que la plupart des motards en une année, au sujet desquels la presse parle plus des coachs et des umbrellas girls que de leurs mécaniciens, voire par moments plus du vol de la Ferrari que des résultats. Leurs motos n'ont aussi plus rien à voir avec quelque chose de connu, alors que Pons roulait sur un machin dont on pouvait croiser plein d'exemplaires, pas forcément beaucoup moins bien, sur tous les circuits de France. Ils roulaient aussi en France pour des courses"de base" en dehors du GP national alors que maintenant pour suivre nos héros, il n' y a guère que la zapette (je ne polémiquerai pas sur la tendance marquée à l'hyperminiaturisation des photos "courses" dans la presse spécialisée alors que dans le même opuscule, le contenu nécessairement navrant et répétitif de "l'essai" produit du casque machin ou du blouson truc ne peut manifestement être sauvé que par une grande photo).

Il y aurait donc dans notre pays en plus de la fracture sociale, une "fracture moto" qui obligerait les pilotes à des hypers résultats, faute de quoi ils passeraient pour des nuls. Peut être, mais nos chéris actuels y peuvent ils vraiment quelque chose ? Autres temps, autres moeurs ! Il n'y a qu'un truc qui n'a pas changé, c'est le machin qui tourne sur le guidon droit et de ce que je peux voir à la télé c'est bien là un domaine où nos petits loups restent au moins aussi éminement respectables que leurs grands anciens, même si je le reconnais, les résultats se font grandemment désirer pour nourrir le coté chauvin de notre passion.

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