jeudi 30 mai 2013

Japan vs UK

Dans le numéro de juin de la revue Cycle World, outre un inhabituel comparatif rétro des sportives des années 90 (signe peut être inquiétant d'une nouvelle tendance de la presse moto ; le recyclage d'articles anciens à l'instar de ce que fait la presse féminine avec les régimes), on trouve un intéressant interview de Shoichiro Irimajiri, ex ingénieur protée de chez Honda, père du 50 twin, des 6 cylindres, des moteurs de F1 ...
Parmi les infos fondamentales que révèle cet article ; on apprend par exemple que Freddie Spencer était très bon et avait un secret de pilotage ... se cache une pépite qui vient apporter un éclairage nouveau sur un sujet qui vous le savez me tient à cœur, le différentiel de compétitivité au tournant des années 60 entre l'industrie de la moto japonaise et son homologue britannique.

Dans l'interview, Irimajiri parle de ce qui l'a motivé à se faire embaucher chez Honda au tout début des années 60, en fin d'études, dont on sait par ailleurs qu'elles se firent dans une brillante école d'ingénieur aéronautique, cursus qui n'induit pas obligatoirement une recherche d'emploi dans une industrie moto encore en cours de restructurations et pas encore industriellement sur le toit du monde. Ce qui a intéressé ce motoriste dans l'âme dont le sujet de thèse était une suralimentation "naturelle" grâce à des modélisations subtiles des conduits et systèmes d'admission, c'est le fait que Honda mette à sa disposition pour affiner ses recherches, le calculateur analogique (le top de la techno à l'époque) le plus puissant au monde (si ce n'est l'un des plus puissants, au même moment en France on en a un pas mal, tout entier occupé à calculer les commandes de vol du Concorde).

Information intéressante me direz-vous mais bon, rien de très inhabituel pour de la R&D ! Sauf que c'est pas au R&D que débarque notre brillant débutant mais au service course qu'il rejoint en 63 où, toujours dans l'interview, "where there were only 10 engineers", champions du monde quand même.

Et pendant ce temps là dans l'industrie moto britannique, chez AMC notamment, Jack Williams, seul ingénieur maison fraîchement diplômé, patron de service course, continue de pratiquer sa deuxième grande passion après la pipe ; le calcul de profil de cames, à la main, sur des petits carnets.
Cela étant, la méthode n'est pas forcément moins efficace, juste moins pratique quand il s'agit d'essaimer les connaissances à d'autres secteurs de l'entreprise. Quand on sait par ailleurs que dès 1960, Honda consacre 3% de ses revenus au R&D, alors qu'AMC a fermé tous les robinets, on ne s'étonnera pas non plus si le mono d'usine qui se prépare pour le TT, rien moins que la plus grande course du monde, repose élégamment sur une authentique et très écologique bûche ... en sapin, sans doute !

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