vendredi 20 décembre 2013

Pas si frustre que ça

Le traction control, l'embrayage progressif ; des trucs de lopette peut être pas, mais des innovations techniques un rien frelatées, surement !
Le mélange hyper subtil entre la roue arrière qui patine en permanence et la recherche du grip, le paradigme du moto GP, c'est pourtant vieux comme les années vingt, époque où cependant une moto, notamment de course, n'était pas sensée et pour encore un long moment, glisser. Une exception pourtant : les motos de speedway ou de grasstrack qui se développent et prendront leur forme définitive en Europe dès les années 20. Peu connues chez nous, ces motos, injustement considérées comme rustiques, pas finies, sont pourtant l'exemple parfait de l'adéquation ultime forme/fonction, puissance et glisse. Elles n'ont l'air de rien mais en synthétisant la quintessence de ce qu'il suffit pour un moto ; un moteur, deux roues et basta, elles préfigurent d'un certain coté le moto GP d'aujourd'hui.
 
Ridicule, me direz vous, de comparer une moto moderne avec ces machins antédiluviens qui n'ont pas de freins, quasiment pas de cadre, presque pas, voire pas, de suspensions, une boite de vitesses embryonnaire. Et pourtant dans le monde de la moto, rien n'est plus prêt des problématiques essentielles d'une moto GP ; patinage et traction, qu'une moto de speedway. Sauf que là, pas d'électronique pour maîtriser la glisse, rien que du mécanique, rien que des caractéristiques moteur hyper adaptées pour aider le grand fou au guidon (le "vrai" frein) à tourner.
 
Ridicule, me direz vous, de comparer le développement moteur des moto GP avec ces gros monos gavé de méthanol, tellement figés dans le temps qu'ils n'ont semble t'il connu que deux modèles ; le JAP jusqu'aux années 70 et le Jawa depuis, Pfff !!! Et pourtant, en speedway/grasstrack la recherche permanente de la pierre philosophale patinage/traction a conduit à un développement moteur d'une richesse aussi inouïe qu'insoupçonnée, richesse dont votre blog préféré va tenter de vous présenter quelques exemples ;
 
Outre la palanquées des monocylindres britanniques de série (ou de course) qui des premiers AJS jusqu'au BSA B 40, ont presque tous servis à motoriser des machines de speedway, voire quelques monos Ducati ou Guzzi, la vraie recherche de la maîtrise patinage/traction est passée par le développement de moteurs spécifiques :

Le superbe Rudge Witworth à 4 soupapes des années du début (1920)
L'icône: le JAP (un, si ce  n'est le, premier moteur avec un conduit d'admission incliné) et ses évolutions, y compris le rare double arbre 4 soupapes.
Le plus connu, le Jawa qui commencera culbuté puis simple arbre, puis double arbre, avant de redevenir (comme le fit Guzzi sur ses monos de GP) simple arbre.
Tellement efficace, le Jawa qu'il fut copié et recopié ; Ici une version rare avec des différences subtiles à l'intérieur, l'ESO :
Et alors que vous pensiez que la moto britannique était définitivement  morte et enterrée au début des années 80, en réalité elle survit, certes petitement, grâce au speedway et à de micro-marques comme Weslake qui produira des moteurs culbutés mais aussi des simple arbre 4 soupapes (avec au choix différentes alésages et différentes courses), des doubles arbres et même des motos complètes :
Plus Brit que ça ; tu meurs !
 Trop chou, le W sur la patte.
D'autres moteurs britanniques des années 80/90 : un Cole culbuté et quelques Godden simple arbre (quelle que soit l'époque et le constructeur, le double n'a jamais vraiment convaincu) à chaine, dont ceux champions du monde avec Simon Wigg , le Rossi du speedway des années 90:

Vous n'aurez pas été sans remarquer la taille particulièrement réduite de l'ailettage de tous ces moteurs, qui développent pourtant des puissances tout à fait comparables à une bonne Manx. Ce minimalisme est permis par l'utilisation d'alcool ou de méthanol, carburants qui permettent d'avoir des combustions beaucoup plus "froides" que l'essence, donc moins de chaleur à dissiper et de façon incidente mais appréciable, moins de poids.
L'exceptionnel proto Valentine (du nom de son concepteur, fils du père des Weslake) qui reprend les développements initiés dans les années 70 (15 ans avant Yamaha) par Otto Lantenhammer sur les 5 soupapes que la FIM va aussitôt interdire :
Vous distinguerez peut être sur la photos des traces de soudure sur les ailettes. Banni du speedway, ce proto a été converti à l'essence pour d'autres utilisation, d'où le rajout bricolé d'ailettes plus grandes.
De nos jours ce sont des moteurs italiens qui depuis les années 2000, dominent la scène : les GM 
Apparemment, rien de très neuf sous le soleil mais ils sont si subtilement performants qu'ils sont imbattables. Ils ont enterré tous leurs prédécesseurs et aucun moteur de cross moderne malgré leur cartographie réglable de partout, ne leur a fait un semblant de concurrence. En espérant vous avoir alléché par ce survol très partiel d'une discipline techniquement enthousiasmante (pareils mais si différents)  et injustement méconnue.
 


 
 
 
 
 

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