vendredi 23 janvier 2015

Sad song

Un des plus grandes étoiles du sport moto s'est éteinte . Derek Minter est mort le 2 janvier 2015. L'année commence décidément bien mal !
 
Derek Minter, un nom que "les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre". Surtout ceux qui ne sont pas sujets de sa gracieuse Majesté. En effet Minter fut au tournant des années 60 un des premiers véritables pilotes professionnels de la vitesse moto. Pilote excessivement talentueux, il mettait régulièrement au piquet sur les circuits britanniques tout ce que le gratin du sport moto comptait de champions ; Hailwood, Read, Cooper mais aussi des grands un peu oubliés comme Hartle, Shepherd ...
 
Minter est surtout un exemple de professionnalisme. Il gagne sa vie en ne faisant que des courses de moto dès 1958 et ce jusqu'à sa "retraite" en 1967. Il n'est pas cependant pilote d'usine ou très occasionnellement sur des "coups". Pour autant c'est loin d'être un gentleman driver. Il est même très en avance sur son temps avec une réflexion élaborée sur son statut.  Il n'a pas à être propriétaire des motos sur lesquelles il roule, pas plus qu'il ne doit en assurer la préparation, il est pilote et il est là pour gagner, un point c'est tout.
Ainsi guidon des Manx que des amateurs éclairés lui confient et que le top des préparateurs de l'époque ; Lancefield, Petty, lui amènent sur les circuits, Minter est un chasseur de prime particulièrement efficace et conscient. Sa spécialité ce sont les courses en Angleterre, nombreuses, très compétitives,  dans un petit périmètre, attirant un large public et bénéficiant de bonnes retombées. Hors le TT, les grands prix ne l'intéressent pas ; pas d'argent à y gagner, trop loin, hors de portée et de l'intérêt de ses mécènes qui après la fermeture de leur magasin de meubles ou de voitures, aiment venir avec maman ou quelques amis et clients, voir gagner leur moto. Pour autant Minter n'est pas prêt à tout car en professionnel il gère aussi le facteur risque en estimant que sur certains circuits (pas le TT, notez !!!) le jeu n'en vaut pas la chandelle, ceci quelle que soit la prime.
 
Sur bien des points, y compris sur le fait d'avoir un numéro distinctif ; le 11, Minter est le précurseur du pilote professionnel moderne. Cette vie et ces réflexions sur la course, il l'a raconté dans un bouquin aussi aisé à lire qu'intéressant :
En même temps il est aussi d'une époque où tout le barnum moderne n'existe pas, pas même en rêve ou en cauchemard.
En finale du championnat ; derniers ajustements au milieu d'enfants avec le célébrissime tuner Ray Petty, en veste de tweed, col blanc et cravate !!! Notez aussi qu'il n' y a pas un écusson, pas un lettrage sur la combi, pas plus qu'il n'y a d'autocollant sur la Manx.
Sponsorisé sa vie durant par Castrol, Minter retiré de la course et donc loin des foudres de la fédération britannique, aura l'audace absolue pour l'époque d'inclure dans son bouquin, sorti en 65, un petit flyer de pub pourtant bien sage :
Shocking !
C'est dire si ce Mec a eu du mérite et du talent pour vivre ainsi à cette époque là.
 

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