mardi 7 juin 2011

De la marge subtile entre compétition et défilé en GP

Si la fibre franchouillarde n'est sans doute pas complètement absente dans l'émoi suscité par le déclassement de Zarco lors du dernier GP 125, il n'en demeure pas moins qu'à mon avis, le moto GP circus a encore franchi à cette occasion un seuil supplémentaire dans l'aséptisation suicidaire du spectacle proposé.

Si je résume avec juste une petite pointe de mauvais esprit,  le GP circus à la liste des éléments suivants ; coupe mono marque en 125 (eh oui ! l'espagnole du français est la même que l'italienne de l'espagnol), moteur et électronique identique en moto 2, package général du moto 2 tellement contraint que la seule variable ; le chassis, n'est pas un élément de supériorité, juste pour les très rares vraiment ratés un élément d'infériorité, pneumatiques imposés dans chaque catégorie, teams participants en situation de quasi monopole avec échanges cosanguins des compétences chaque saison, règlements  fluctuants qui ne favorisent pas l'émergence de solutions nouvelles, on s'aperçoit que ce prétendu sommet de la compétition moto a pratiquement gommé tous les facteurs de différenciation technique entre mécaniques.

Reste alors une évidence : comme seule variable, comme seul élément de différenciation possible, il n' y a plus guère le pilote. Seulement voila, si on admet que la probabilité de remplir trois grilles de départ conséquentes avec que des génies, tous très supérieurs à leurs concurrents, est d'un simple point de vue logique, très, très faible, il faut donc considérer que les GP se sont courus, se courent et vont continuer à se courir avec une majorité de pilotes, certes très bons, mais de niveau homogène. Comme de plus avec la professionnalisation accrue des GP, ils suivent à peu près tous le même cursus de formation, passent par les mêmes épreuves dans des teams structurés de façon équivalente, sont tous plus ou moins coachés pour se concentrer sur leur job, il est très probable que dans leur métier de pilote, ils mobilisent à peu de chose près les mêmes savoirs, les mêmes savoirs-faire, les mêmes savoirs-être. A quelques exceptions près, il faut donc s'en remettre à une alchimie subtile et pas toujours reproductible pour que l'un d'entre eux ou quelques uns d'entre eux jouent plus ou moins régulièrement devant.

A moyens techniques égaux, mental égal et science égale, que reste t'il alors à un compétiteur pour s'imposer face à un adversaire avec qui il joue des coudes ; sa bonne éducation, son fair play ?  La grinta, le figthing spirit, le sisu, la gnac ?  Sans insister par décence sur les pratiques de pilotes encore en activité (Rossi ?) l'histoire des grands prix nous donne la réponse et qui plus est une réponse constante sur des générations :
Années 90 : Bon là d'accord, Capirossi a un peu confondu sport de contact et sport de collision, mais il faut dire que sur ce seul freinage il y avait un titre en jeu !
Années 80 : A votre avis, à motos égales comment s'en sont sorti Cadalora et Bradl ?
Années 70 : Cecotto, Villa ; petits coups de lattes entre "amis".
et je ne vous parle pas des grands anciens adeptes du "jeu dur" comme l'était Remo Venturi.

Fi de ces mauvais exemples, même donnés par des champions du monde, dans un esprit de rupture avec le passé, les sages du moto GP ont apparament tranché ; désormais pour doubler, il faudra faire une demande écrite, 48 heures à l'avance, en double exemplaires, par voie hiérarchique. Même accordée, l'autorisation sera révocable ad nutum et il faudra lever le doigt avant pour  vérifier que c'est possible, attendre le tour d'après et la sortie d'un drapeau (nécessairement) rose pour s'y risquer avec une marge de sécurité conséquente. Ne pas oublier de remercier.juste après. Je suggère que dans ce contexe le réglement technique des GP s'enrichisse d'une nouvelle spécification technique ; clignotants et avertisseur devront être obligatoires !!!

Enfin, espérons que les instances du moto GP s'apercevront dans un éclair de lucidité que vouloir gèrer en bon père de famille un truc manifestement déraisonnable comme la course moto est une erreur tactique majeure. Je crois surtout qu'ils vont finir par réaliser qu'à faire ainsi, ils vont scier à court terme la branche sur laquelle ils sont assis. Je pense donc que paradoxalement, la meilleure garantie du spectacle futur  tient dans les prébendes sans doute conséquents que s'octroient quelques apparachicks du moto GP et qu'ils vont vouloir si ils ne sont pas trop cons et restent bien cupides, chercher à préserver.

2 commentaires:

  1. Cette tendance lourde du dépassement nécessairement politiquement correct touche d'une façon également pathétique la formule 1 . Je suis entièrement d'accord avec cette évolution et je souhaite, j'appelle de tous mes voeux qu'il en soit de même avec l'arrivée des étapes cyclistes et les compétitions de curling qui verront interdire les chocs trop violents entre les pierres afin de ne pas proposer vicieusement au téléspectateur une image de violence asociale et pré révolutionnaire. Je propose que les concurrents de toutes ces épreuves soient accompagnés par des motards des polices des pays dans lesquelles elles se déroulent. A terme, et cela sera bien plus civique, ces courses pourraient n'être réservées qu'aux policiers. L'ordre d'arrivée serait défini par le ministère et serait fonction du nombre d'amendes infligées injustement par les concurrents. Beau.

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  2. Abondons. Départ du GP du canada sous une petite pluie. Un défilé grotesque derrière la voiture de sécurité!!!! Bientôt, toute la course derrière la VdS et pourquoi pas derrière la police. Pfffff!!

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Je t'encourage cher et courageux lecteur à nous laisser un commentaire qui sera forcément lumineux, apocalyptique et boulversant.