Think différent !

Une nouvelle rubrique pour tenter de rendre hommage aux anticonformistes de tout poil qui dans le monde de la moto, monde de tout temps remarquablement conservateur et techniquement assez contraint,  ont imaginé des trucs et des machins pour sortir des sentiers battus et rebattus de la conception "classique" de nos mobylettes chéries.

Au tout début du vingtième siècle il est encore relativement facile de s'ériger constructeur de motos. Le concept est assez bien défini, il y a moult fournisseurs de moteurs, faire un cadre n'est pas très compliqué et on ne s'embète pas trop avec des éléments complexes comme des suspensions. En plus il ya de la demande et la crise de 29 qui va venir réguler tout ça, n'est même pas encore dans l'imaginaire des plus pessimistes. C'est dans ce contexte d'explosion de la production motocycliste que la marque britannique SEAL Motors ltd, sise come tant d'autres à Manchester et pilotée par messieurs Haynes et Bradshaw, va lancer en 1912 un des bidules les plus extraodinaires de toute l'histoire de la production motocycliste ;

Pardonnez la photo un peu vieillie, mais c'est une des seules que l'on ait de cet engin tellement différent de tout qu'il n'est même pas possible de le classer dans un genre déterminé. Il s'agit d'une moto attelée mais sur laquelle le pilote ne s'assoit pas. Il pilote depuis le side-car et pas avec un guidon mais avec un volant, via tout un système de tringles et de cables pour la direction et les commandes moteur (un bon gros 1000 JAP, bien sûr, pour remuer tout ça) ! On a là le vrai chainon manquant entre la moto et la voiture !

Tout ça pour faire des économies de garde boue avant ! Non, il s'agit plus vraissemblablement d'une volonté de différenciation technique particulièrement audacieuse et, à mon avis, un rien outrancière. Le modèle s'appelle d'ailleurs "Progress", il sera fabriqué, à un nombre certes limité d'exemplaires, avec capote ou cabine complète, jusqu'en 1924. Après cette date, une curieuse absence de réussite commerciale fera évoluer le modèle vers une version genre triporteur commercial.

Il faut noter que les concepteurs du "Progress", en vrais originaux,  vont persister dans leur idée et ne feront pratiquement pas d'autres modèles plus conformistes, du genre avec seulement deux roues et un guidon, ou carrèment des voitures. Une telle foi, un tel aveuglement sont touchants. Ils sombreront donc tristement dans la crise des années trente. Gloire soit aujourd'hui rendue à l'indépendance d'esprit de messieurs Haynes et Bradshaw.

Hélas !!!!

Quoique là, c'était plutôt un cauchemard !!! (note de l'auteur)