Un des plus grands choc de mon histoire motocycliste personnelle, bien plus fort et durable que les quelques douteuses descentes en marche qui émaillèrent mon parcours, a eu lieu en 1972 ou 73 lorsqu'au fin fond de ma province, le moto club du coin réquisitionna le cinéma porno de la ville pour une unique et magique représentation de One Any Sunday. Même si j'avais lu quelques maigres infos dans la presse, jamais je n'aurai pu imaginer la force du grand national, la puissance de Mert Lawill, en gros plan, en couleur, en dérapage, en recherche d'équilibre permanente, dosant aussi fort que délicatement les gaz d'une grosse Harley paradoxalement on ne peut plus dépouillée . Jamais je ne me suis remis de la séquence où Mark Breslford garde les pieds sur les reposes-pieds. Mon coeur court encore après les deux pulsations ratées lorsqu'en plus il lache le guidon pour se mettre en recherche de vitesse !!!!
Bref, je suis sorti de là sidéré en me disant que le mec qui avait fait ce film était un grand homme, voire un bienfaiteur de l'humanité. Le mec en question est un réalisateur américain spécialisé dans le documentaire sportif qui s'appelle Bruce Brown. Pour ce film il a gagné sa place au paradis, la considération personnelle de millions de motards mais aussi la reconnaissance de sa profession, drastiquement exigeante, pour un des, si ce n'est le, meilleurs films de sports "extrèmes".
Quelques années après, un peu dans les mêmes circonstances, j'ai découvert le film de surf mythique "Endless Summer", le plus beau, le plus simple des films de surf, qui raconte le surf trip de deux veinards autour du monde sur des spots de rève, qui plus est déserts !! Là aussi je suis sorti extatique, comtaminé à vie et me disant que l'alchimie n'avait pu marcher que parce que le réalisateur aimait vraiment ce qu'il nous montrait.
Et devinez qui est le réalisateur de ce film qui est à la culture surf ce que "One any sunday" est à la culture moto et même plus encore : Bingo : le même Bruce Brown !
(Reconnaissez que je vous ai un peu aidé avec l'étonnante similitude de genre des deux affiches.)
Des fois je me dis que si je devais me réincarner dans une personnalité de mon choix, je crois bien que je choisirai l'extraordinaire, le talentueux, le chanceux Bruce Brown.
Et ben voilà, on a appris quelque chose aujourd'hui… Merci…
RépondreSupprimerjohn