Les belles histoires de l'oncle Mick : Guitar Hero 2

Au fin fond de la province obscure où j'ai grandi si les motos étaient quasi en vente libre, la musique n'était disponible qu'au travers de ce que le disquaire du coin voulait bien vendre. Ce commerçant moderne et avenant qui par ailleurs vendait sans sourciller Dylan, Cohen, les Stones, Ferré ou Gainsbourg était hélas, un affilié servile et convaincu du Hot Club de France "canal historique". Ce qui veut dire qu'en matière de Jazz et Blues, il ne diffusait que les artistes ayant  reçu l'imprimatur du président fondateur grand timonier du HCF  ("découvreur du jazz" autoproclamé ayant défini une fois pour toutes les "vrais" artistes et styles de Jazz et Blues). Conséquence ; dans mon bled, Charlie Parker, Dizzy, Miles, le cool ... et TOUS  les bluesmen qui avaient la mauvaise idée d'utiliser une guitare électrique n'avaient pas droit de cité !!! Demander BB King ou Elmore James ne vous valait au mieux qu'un  haussement de sourcils et un regard appuyé vers la sortie. Je n'invente malheureusement pas !

Heureusement l’honnête boutiquier porteur de la bonne parole finit par laisser sa boutique à son fils, ancien camarade d'école, connu et redouté à cause de son idolâtrie pour Michel Sardou, qui contre toute attente ouvrit ses bacs aux catalogues complets de majors.

  

Quel choc ce fut donc pour moi de sortir du bac, un de ces jours d'ouverture, une pochette avec ceci :

Je venais de découvrir un des maîtres  du groove incorrect, loufoque et sympa ; l'impayable, l'inénarrable Bo Diddley.

A ma grande joie, Bo Diddley n'aimait pas que les guitares customs, les partenaires hallucinantes, les trémousseuses de folie, les bagnoles invraisemblables peintes au pinceau, il avait aussi un goût certain pour les deux roues à moteur :

Bref, j'ai vite compris que ce Mec et sa musique allaient éclairer ma vie.

  

Les belles histoires de l'oncle Mick : Guitar Héro

Dans ma crypte réservée au culte des ancètres se trouve en très, très bonne place l'innénarable McKinley Morganfield, alias Muddy Waters.

Il ne se passe guère de jours où je ne sacrifie pas au culte des mânes de ce vrai mec en écoutant religieusement et joyeusement son slide au lent tempo, son prèche, ses invocations, ses incantations délicieusement triviales de garçon assumé.

Vous en connaissez beaucoup des rebelles autoproclamés du rock qui ont osé comme lui, poser avec une telle choucroute et dans cette tenue (pochette d'Electric mud - Chess records).

Ayant découvert le blues comme beaucoup de ma génération dans la mouvance des Rolling Stones, je me plais à vous faire découvrir ou plus surement redécouvrir  "Mannish Boy", LE titre mec par excellence, dans un version hommage comme seuls les Stones savent les faire :

N'est-il pas plaisant, presque émouvant et quelque part rassurant de voir ces immenses stars aux egos disproportionnés, retrouver leur enthousiasme de gamins et des attitudes de petits garçons pour accompagner leur maitre. Même l'oncle Mick pour une fois n'en fait presque pas trop, ce qui est plutôt bienvenu car dans son survet rouge, le temps à été cruel pour lui et on s'étonnerait presque  que cette vidéo n'a pas été censurée.

Muddy Waters est amplement distribué chez tous les disquaires un peu sérieux. Ceux qui honteusement n'ont rien de lui sont priès : 1 de se couvrir la tête de cendres -  2  de se précipiter toutes affaires cessantes chez un revendeur. On tolérera que cela se fasse chez un commerçant  éloigné de chez eux où ils demanderont, masqués et falsifiant leur voix par crainte des représailles ou a minima d'un opprobre lourd ;""vous avez Muddy Waters ?" Par définition, tout est bien mais il est toujours de bon ton de privilégier les Chess records. Sa vie, son oeuvre sont relatées dans tous les opuscules et publications traitant du blues. Eventuellement les plus dévots ou simplement les curieux  liront avec intéret :

Ooh Yeaaah !!!!!!!!!!!!!!!!