Dans la série des livres sur Harley, généralement pitoyables, il y a peu d'exceptions et celle-ci en est une notable !
L'auteur fut un ponte de Harley de 1977 à 2002, en charge du marketing et dans ce petit bouquin sorti cette année, il dévoile de façon très pragmatique et très intéressante les stratégies commerciales de Harley pour d'abord sortir de la banqueroute quasi mortelle de 1981 puis pour se développer. Une phrase résume son action pendant toutes ces années :
"At Harley, the sale truly begins after the sale"
Attention, ce n'est pas un livre technique ou même un livre sur la moto, c'est essentiellement un livre sur le développement marketing d'une marque qui se trouve être de motos. Je ne me souviens même plus si le terme "V twin" est utilisé ne serait-ce qu'une fois, aucun nom de modèle .... Il est par contre beaucoup question de T-shirts, de blousons, d'expos, de rallies, de comment fidéliser un client, d'en faire une sorte d'addict qui vit, pense Harley et (très) accessoirement roule un peu avec ... quasiment rien sur la course, si ce n'est pour expliquer pourquoi les pilotes et le team doivent avoir un comportement "corporate" !!! En fait ce livre est l'exact reflet de la boutique Harley en bas de chez vous et vous explique pourquoi, elle et toutes les autres, sont agencées comme ça.
Ce livre est malgré tout très intéressant car c'est le reflet très rare, de l'intérieur, à bon niveau, du management général (à l'exclusion de la technique) d'une marque de motos.
Note personnelle : J'avoue sincèrement que pour moi les marche-pieds et le feet-first sont contre nature, que je n'ai jamais compris la fierté qu'il y a à s'exhiber sur une "queue molle", que je n'ai jamais vu dans 1340 autre chose que l'affichage candide et irréel du poids; 1300, et des chevaux; 40. Je ne comprends pas l’intérêt d'être enHDisé jusqu'au derche pas plus que je ne comprends l'obscène paradoxe à s'afficher dans un vulgaire et insignifiant uniforme de rebelle ! Bref, tout chez le HD de Clyde Fessler est pour moi à l'exact opposé de ma conception de la moto. Aussi après cette lecture, je ne peux m’empêcher de penser que seuls les petits T-shirts noirs, les petits blousons ont contribué à sauver une marque qui s'était techniquement autodétruite de part son absence de créativité et son manque de qualité. Quand je réalise que sans ce prophète de malheur, le monde a été tout proche d'être débarrassé de ces enclumes bouffies, le tout au moment même où Triumph sombrait définitivement, je me dis que, vraiment, Dieu n'existe pas !